lundi 30 mai 2011

The Light Sleepers - We Are Gathering Dust



"This is London Jen, it’s not someone knocking at your door with cakes, except cakes made with dog's pooh and knives!"
Cette complainte d’un informaticien célibataire pose bien des questions.

Car, personne ne vient frapper à notre porte pour nous apporter des gâteaux, oui.
Personne ne vient frapper à notre porte pour nous enlacer.
Personne ne vient nous chanter du Brassens sous nos fenêtres.
Personne ne fait rien pour personne d'ailleurs.

Et tout ceci, de notre vivant, alors imaginez l'épitaphe... confusion !

Est-ce à cause d’un monde étouffant et doté d'un égoïsme redoutable? Est-ce dû à un Homme préoccupé par des problèmes mineures?
Est-ce une société déchirée par les différentes classes sociales?
Peut être est-ce une époque qui change si vite que tous les repères semblent à terre ?

La réponse est : oui et non.
Mais tendant plutôt vers le non, car, non, c'est comme ça.

Franz Kafka, dans son ouvrage "la métamorphose", narre la tragédie d'un homme, Gregor, qui se réveille un beau matin métamorphosé en punaise.
C’est toujours lui dedans, mais dehors, c’est une immense punaise maladroite qui ne peut à peine se déplacer ; il faut dire, Gregor doit aussi s’adapter à sa nouvelle corpulence, et l'armée de petites pattes lui donne bien des soucis.
Sa famille, composée de ses parents et de sa sœur (ils vivent tous sous le même toit), découvre avec horreur au petit matin un nouveau membre repoussant.

Il n’est pas aisé pour cette famille Praguoise d’accepter cette nouvelle, mais sa sœur Grete, elle, ne se laisse pas emporter par les événements, et tente tant bien que mal de traiter son frère avec attention et discernement.
Mais de discernement, il n’est question que de repas froids composés de restes, d’un peu de ménage rudimentaire par ci par là, un peu de compréhension en ce qui concerne les besoins de mouvements dans sa chambre (elle déplace sa commode pour qu’il puisse marcher sur les murs)…
Car Gregor est condamné à y rester enfermé !

On ne le montre pas, on le l’emmène pas au parc pour jouer avec les autres insectes, pas de sorties ciné, pas de shopping à l’Apple store (en même temps, en 1912, on était pas encore emmerdé avec ça), rien.
Mais la situation ne s’arrange pas. En effet, Gregor devient vite encombrant, et petit à petit, on le laisse dans son coin, on le nourrit à peine, et après tout, il ne mange presque plus car son moral est au plus bas.
Et pour peu qu’il ose pointer ses antennes hors de sa chambre, il ne tombe que sous la colère du père, l’effroi de la mère, les pleurs de la sœur, et puis le plus embêtant surtout, les pommes que lui lance le père (à un moment, autant le dire, il dérouille).

Passons les détails, Gregor meurt. Lui qui assumait les rentrées d’argent de la famille, lui qui allait offrir à sa sœur des études au conservatoire, lui qui devint une bête immonde (et sans raisons surtout) ; et bien une fois mort, la gentille petite famille oublie la gêne occasionnée pour partir gambader en ville, profiter d’un doux soleil printanier, les hirondelles qui chantent …. (si quelqu’un en mesure de prouver le contraire, alors qu’il se fasse entendre).

Le message que Kafka souhaitait (certainement) faire passer, est le suivant : « On crève seul, et personne n’est là pour nous, surtout qu’une fois fait, on est vite oublié », (si quelqu’un en mesure de prouver le contraire, alors qu’il se fasse entendre).

« Et alors ? », répondit Homer Simpson.
« Alors, dur ! » rétorqua monsieur Burns.
Chez les ordures, les mauvais garçons, les salauds, le pleutre, c'est pareil!
Eux aussi subissent le même sort que monsieur tout le monde, mais quel est celui qui va sortir son épingle du jeu ? Quel est celui qui va s’en sortir ? Quel est celui dont on va se souvenir ?
Et bah c’est celui qui sera la plus belle enflure, le faucon de tout en haut des cimes.
Combien de grand criminels s’en sont sortis en devenant de fins conseillers pour justement attraper plus facilement les autres criminels de la génération suivante ?
Pas beaucoup, mais seulement les plus grands des plus grands.

C’est comme dans les histoires de cœur avec des femmes : On se souviendra plus volontiers de la plus belle, la plus douce, mais aussi la plus conne, celle qui nous les a bien brisé avec ses théories à la con, sa méchanceté, son insistance…

Et puis dans les classes sociales, c’est pareil !
Ha, c’est bien beau d’être née classe moyenne, et c’est d’autant plus facile d’y rester, et personne n’est là pour nous tendre la main.
C’est une erreur, que dire ! une hérésie, que de naître dans une famille modeste, qui ne possède pas de maison secondaire, pas de parents hauts placés pour donner un petit coup de pouce là où il faut ; alors réveillez vous bon sang !
Au moment suprême du chemin de la vie, ne vous trompez pas de ventre, choisissez celui qui est confortable dès le début.

Alors quelle est la première conclusion que nous pouvons tirer de tout ça ?
Et bien que d’une part, la timidité, c’est une tare réservée aux andouilles : à quoi bon se sentir mal à l’aise, puisque personne ne se soucie de notre petite personne ?
Personne ne regarde si nous sommes ici, ou n’y sommes pas, à l’intérieur, ou à l’extérieur…
Alors autant s’enlever les doigts.

Une autre question que soulève ce débat : Est-ce que dieu existe ?
Bien sur qu’il existe, seulement il a déjà pas mal de boulot, et celui de la gestion des petits égo caca est un bien triste problème qui n’est pas si urgent. Ça ne fait toujours qu’une poignée de siècles que les choses vont ainsi…

Ni les premiers, ni les derniers, ni les premiers des derniers, et vice et versa, The Light Sleepers ont pondu en 2009 cette petite merveille qu’est « We are gathering dust ».
« Nous sommes un amas de poussière », c’est à croire qu’ils ont lu cette critique avant d’enregistrer.
Quoi qu’ils en soit, pas un mot sur eux dans les soirées mondaines, pas un mot entre deux mauvaises nouvelles aux infos, dans le dictionnaire, pareil, de la bouche de la plus belle femme du monde (qui elle aussi se soucie assez peu de nous en fin de compte) après l’étreinte : pas un mot.
Et pourtant, qui se soucie de The Light Sleepers ?




1 commentaire:

  1. Je ne répondrai qu'une chose pour m'opposer profondément à ces trop évidentes vérités de surface : ‎"You cannot un-educate the person who has learned to read. You cannot humiliate the person who feels pride. You cannot oppress the people who are not afraid anymore." (c'est pas de moi)
    just think about that et soucions nous des légers dormeurs

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