lundi 13 juin 2011

Belle Epoque - A la dérive



Alors, ce n’est pas pour être déprimant, mais des fois, il faut savoir regarder la vérité en face, accepter la dure réalité quand elle se présente face à nos yeux devenus gris, tant ils en ont vu.

Le premier exemple concret pour illustrer ce débat prend place à la terrasse d’un café : ça discute entre graphistes, ça refait le monde en sirotant une délicieuse boisson fraiche, et tout à coup :
Le macintosh portable qui était sous la table à disparu, volé !
Accepter la vérité revient dans un premier temps à ne pas crier au voleur, et par la suite, s’avouer que le joli mac ne reviendra pas, et que par conséquent : bye bye les deux jours de boulot en mémoire, bye bye les mp3 retraçant avec amour l’âge d’or oublié du début des années 2000 (screamo compris).

De là à faire un lien entre le vol de mac dans les cafés et une société toute dégueulasse qui marge comme des cochons d’un côté, et se déleste de ses employés d’un autre, il n’y a qu’un pas, et il est facile à franchir, alors, franchissons.
Depuis quelques temps, la rumeur court que PSA pourrait fermer son site de production d’Aulnay, ce qui impliquerait toute une série de licenciements.
La direction fait mine de s’en défendre, mais avec une conviction somme toute limitée.
La fronde syndicale entre alors dans l’éternel combat du méchant patron contre les gentils salariés.
Encore une fois, ce n’est pas pour être déprimant, ce n’est pas par fatalisme primaire, non plus par misérabilisme fataliste, et encore moins pour être désagréable mais, accepter la réalité revient à dire qu’il n’y a pas de fumée sans feu, et que donc une rumeur ne courre jamais sans raisons.
Quand deux collègues de travail sont soupçonnés, se n’est jamais sans raisons.

Sans tomber toutes fois dans du pessimisme de seconde zone, il faut bien se le dire : l’usine va fermer.
« Je ne sais autre chose que me résigner, et me dire que les mouches sont nées pour être mangées par les araignées, et les hommes pour être dévorés par le chagrin ».
Une touche de Voltaire ne fera donc pas de mal dans une époque (et pourtant elle dure) qui passe son tems à faire regretter au faible, d’être le faible.
Car tout n’est qu’une question de pouvoir, pas d’argent, de pouvoir.
Souvenez vous la réponse de « Big Brother » à Winston quand cet idiot osa demander pourquoi « tout ça », pourquoi l’oppression, pourquoi le manque de liberté, pourquoi cette vie de merde : « Le pouvoir, c’est uniquement une question de pouvoir ».

Une magnifique démonstration de pouvoir qui n’aime pas l’argent s’est déroulée en France fin 2010.
Un grand groupe pétrolier laisse courir une rumeur justifiée sur la fermeture d’une raffinerie, qui va fermer, et c’est comme ça.
En réaction, le peu de raffineries dont la France dispose encore (douze, contre une trentaine il a une vingtaine d’années) décide se mettre en grève pour protéger leurs « copains », parce que c’est dégueulasse de fermer un site de production qui se situe à proximité d’un des plus grand port d’importation (dont l’importation du produit fini, donc pas utile de le raffiner, donc…).
Sur quoi la loi de l’offre et la demande pointe son nez dans le mic mac, et le prix des essences augmente sous prétexte que « la ressource se fait rare ».
Alors pendant un mois, tout le monde serre les fesses, l’attente aux stations services en bernes se fait plus longue que le Canada, et ce, pendant un mois.
Ce qui est rigolo, c’est ce « un mois », parce que le hasard faisant bien les choses, une raffinerie qui ne tourne pas aura une autonomie d’un mois, car après ce délais, les frais de remises en services sont si élevés qu’il est préférable de revendre la raffinerie et d’en 
acheter une neuve.

Belle Epoque, c’était un peu ça.
Une rage presque futile tant on sait que les choses vont ainsi et qu’il est presque absurde ne serait-ce que d’espérer.
Alors Belle Epoque sortait des mélodies touchantes dans des compositions intelligemment équilibrées de fureur et de tendresses, de désespoir et d’optimisme.

Mais de belle époque, il n'en est point, puisque, c'est comme ça, point, ça l'a toujours été, et ça le sera toujours, alors soyons  des révoltés mignons.



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